Le numéro 640 de décembre 2015 du mensuel du Syndicat national de l’Enseignement supérieur (le SNESUP) sous la plume de Gérard Lauton publie un article pertinent appelant à « Agir contre les exécutions, pour les droits et les libertés en Iran ». Nous vous invitions à lire cet article que nous reproduisons ci-dessous.
Depuis plus de trente-six ans, le guide spirituel de la révolution islamique – l’ayatollah Khomeiny jusqu’en 1989, puis Ali Khamenei –, avec son Conseil des gardiens de la révolution, étouffe toute opposition et bafoue les droits humains, singulièrement les droits des femmes. La solidarité s’organise.
À quelques semaines de la visite officielle du président iranien Hassan Rohani, prévue le 16 novembre puis reportée à la suite des attentats du 13 novembre à Paris, des rencontres ont eu lieu autour de la question des droits humains en Iran. Aux côtés d’autres organisations et de personnalités iraniennes et françaises (Comité parlementaire notamment), le SNESUP-FSU s’est associé à l’événement annoncé – puis reporté – au Trocadéro à l’initiative de l’association Iran Liberté contre les exécutions en Iran. Un appel intitulé « Brisons le silence sur les exécutions en Iran » a été lancé par l’opposante iranienne en exil en France Maryam Radjavi contre la répression et pour un Iran libre et démocratique (#stopexecutionsiran). Par ailleurs, une « Campagne de protestation contre 37 ans de crime par la “République islamique d’Iran” » avait également appelé à des points de rassemblement à Paris. Concernant les libertés syndicales, une lettre commune (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FSU, Solidaires, UNSA) a été adressée le 9 novembre à François Hollande et Laurent Fabius afin qu’ils interviennent auprès de Hassan Rohani pour le respect par l’Iran du cas du syndicaliste Mahmood Saléhi, militant de longue date ayant déjà subi arrestations et détention et condamné à neuf ans de prison du fait de son activité syndicale. LIBERTÉS BAFOUÉES, EXÉCUTIONS EN MASSE Sous Hassan Rohani, le président « modéré » du régime des mollahs, 2 000 personnes, dont 59 femmes, ont été pendues, souvent en public au bout d’une grue, pour terroriser la population. Nombre d’activistes sont menacés, emprisonnés ou exilés. Beaucoup de jeunes sont arrêtés, torturés, sommairement jugés et exécutés. On a recensé dans les « jugements » des tribunaux 260 types d’incrimination donnant lieu à pendaison, dont le délit d’opinion. La terreur d’État est une pièce maîtresse de ce régime théocratique ; 120 000 opposants politiques ont été exécutés sous ce régime depuis 1979. Des responsables du massacre, dont l’actuel ministre de la Justice, continuent d’occuper des postes-clés au gouvernement de Rohani. En Iran, au nom de la loi, on torture, flagelle, ampute pieds et mains à l’aide de machines spécialement conçues. Le régime envoie ses sbires jeter de l’acide sur des femmes « mal voilées ». Les détenus politiques y sont soumis à brimades et agressions. Le filtrage d’Internet est constant et maints artistes et blogueurs sont emprisonnés.
SOLIDAIRES CONTRE LES EXÉCUTIONS, POUR UN IRAN LIBRE Les organisations iraniennes et françaises attachées aux droits humains appellent à l’arrêt des exécutions et de la répression dans ce pays. Les auteurs et complices de crimes contre l’humanité en Iran devront répondre de leurs actes devant la justice internationale. Les relations diplomatiques avec l’Iran ne sauraient faire l’économie d’une revendication permanente de la part des autorités françaises pour que cessent les atteintes gravissimes aux droits humains, un principe qui devrait s’appliquer à de nombreux autres pays. Aucune raison d’État ni aucun accord commercial ne saurait justifier de céder sur les principes fondamentaux.
UNE FAUSSE IMAGE DE MODÉRATION Le pouvoir iranien tente de jouer la carte d’un président « modéré » mais la répression et les exécutions ont redoublé sous le mandat de Hassan Rohani. En outre, sa politique belliciste participe de la tension dans la région (Syrie, Irak, Liban, Yémen). Mais depuis la préparation puis la signature de l’accord sur le nucléaire iranien (14 juillet 2015), le régime des mollahs bénéficie d’une sorte d’état de grâce et d’une complaisance accrue qui ne font qu’aggraver la situation de la population et de sa jeunesse.
Lien direct: http://snesup.fr/index.php?module=webuploads&func=download&fileId=5101_0


REUTERS PICTURES OF THE DECADE. Majid Kavousifar and Hossein Kavousifar, his nephew, hang from the cable of a crane in Tehran August 2, 2007. Iran hanged Majid and Hossein, the killers of a judge who had jailed several reformist dissidents, before a crowd of hundreds of people on Thursday. REUTERS/Morteza Nikoubazl (IRAN)
Choisi comme l’une des « photos du décénie », cette photo prise par lagence Reuters montre l’exécution de Majid Kavousifar et de son neuveu Hossein Kavousifar. Ils avaient été pendus sur la place publique le 2 aout 2007. Ils avaient été accusés d’avoir mis à mort le juge Hassan Moghaddas dans sa voiture en 2005. Ce dernier avait présidé à l’emprisonnement et à l’exécution de nombreux opposants.
Le sinistre procureur Saeed Mortazavi qui a assisté à l’exécution des jeunes hommes, les a qualifiés de « deux terroristes. » Selon la radio VOA qui avait rapporté l’information de leurs exécutions, Majid et Hossein avaient réussi à fuir le pays pour les émirats. Demandant refuge à l’ambassade américaine, ils avaient été remis aux autorités des émirats qui de leurs côté les ont rendus au régime iranien.
Les images de ces deux pendaisons publiques avaient particulièrement choqué le monde. Les Iraniens ont vu dans le sourire et les gestes du condamné les signes d’un grand courage.

