Saeed Masouri, prisonnier politique iranien : Nous n’avons pas peur d’une mer de sang

CSDHI – Saeed Masouri, prisonnier politique iranien condamné à perpétuité, a écrit une lettre intitulée « Oh Lovers, Oh Lovers, Today We and You Are Here » (Oh les amoureux, Oh les amoureux, aujourd’hui vous et nous sommes ici).

La lettre est écrite depuis la prison de Qezel Hesar à Karaj pour commémorer le début de sa vingt-quatrième année d’emprisonnement ininterrompu, et elle reflète les expériences douloureuses vécues dans les prisons du régime iranien.

Dans cette lettre, Saeed Masouri souligne : « Ils ne peuvent pas nous effrayer avec cette mer de sang ».

Il écrit que pendant vingt-quatre ans, il a supporté le poids des murs et des barreaux oppressants comme l’enfant de Marie portant sa croix, et qu’il a vécu à chaque instant dans l’atmosphère terrifiante de la prison.

Décrivant sa vingt-troisième année d’emprisonnement, qui a coïncidé avec le soulèvement du peuple iranien et la répression des masses protestataires par le régime, M. Masouri la qualifie d’année « sanglante » et « la plus sanglante » de son emprisonnement. Commémorant les prisonniers politiques exécutés par le régime, il écrit : « Je sens encore sur mes joues la chaleur du souffle et le désir ardent d’êtres chers comme les prisonniers politiques Mohsen Shekari, Mohammad Mehdi Karami, Mohammad Hosseini, Milad Zohraevand, ou Ghasem Abesteh, Ayoub Karimi et Davoud Abdollahi (Aso), qui ont été massacrés dans ce même abattoir de Ghezel Hesar ».

M. Masouri cite également les noms de Khosrow Basharat, Anwar Khodaverdi, Farhad Salimi, Kamran Sheikh, Mojahed Kourkour, Reza Rasai et plusieurs autres prisonniers politiques et de conscience qui risquent d’être exécutés.

Il désigne le guide suprême du régime, Ali Khamenei, comme l’orchestrateur des crimes récents en Iran et écrit : « Le sang de nos martyrs n’a pas encore satisfait sa soif de sang, et le dieu du crime et du massacre, et non le Dieu miséricordieux, continue à donner des ordres pour ces crimes ».

Le plus ancien prisonnier politique d’Iran décrit la prison comme le « cimetière des êtres humains et de l’humanité » et décrit le transfert des prisonniers des quartiers publics pour l’exécution des peines de mort et les conséquences dans les cellules. Il déclare : « Lorsque les agents chargés de l’abattage et de l’exécution prennent chaque jour une personne à côté de vous pour l’exécuter, avec des menottes et des chaînes, et que leur dernier regard est fixé sur vous, et qu’il n’y a rien que vous puissiez faire, vous devenez à chaque instant le pendu et l’exécuté après lui. J’ai été exécuté avec eux à chaque instant tout au long de cette année ».

M. Masouri demande ensuite à son public : « Combien de temps et jusqu’où cette situation va-t-elle durer ? » et il répond : « Certainement, jusqu’à ce que nous récupérions, goutte à goutte, les libertés confisquées à notre peuple, et c’est, bien sûr, un prix très sanglant que nous payons à chaque instant, et nous sommes censés payer encore plus que cela. C’est peut-être le destin des amoureux de la liberté et de l’Iran ».

En conclusion, ce prisonnier politique exprime l’espoir que « nager dans cette mer de sang » conduira finalement au « rivage de la liberté, de la justice et de l’égalité ».

Saeed Masouri, né en 1965 à Khorramabad, dans le Lorestan, est l’un des plus anciens prisonniers politiques en Iran.

Le 8 janvier 2001, il a été arrêté par des agents du ministère des renseignements à Dezful pour « appartenance à l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien ». Après 14 mois de détention dans une cellule d’isolement au bureau des renseignements d’Ahvaz, il a été transféré au pavillon 209 de la prison d’Evin.

En 2002, ce prisonnier politique a été condamné à mort pour « guerre », mais sa peine a été commuée en prison à vie. Depuis son arrestation, M. Masouri a passé ses années d’emprisonnement sans un seul jour de permission au centre de détention des services de renseignement d’Ahvaz, à la prison d’Evin, à la prison de Rajaï Chahr à Karaj, et actuellement à la prison de Ghezel Hesar à Karaj.

Source : Iran Focus (site anglais)

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