l’Iran exécute 30 condamnés à mort en huit jours

Hausse des exécutions : l’Iran exécute 30 condamnés à mort en huit jours, malgré les appels de l’ONU à la responsabilisation

Selon plusieurs médias, au moins 30 prisonniers ont été exécutés dans plusieurs prisons iraniennes en l’espace de huit jours seulement. Les exécutions, qui ont eu lieu entre le 20 et le 28 juillet 2024, ont été menées contre des individus reconnus coupables de « meurtre intentionnel » et de « crimes liés à la drogue ».

Cette augmentation du nombre d’exécutions, qui atteint en moyenne quatre par jour, intervient dans le sillage de la récente élection présidentielle en Iran et dans un contexte de regain d’attention internationale sur la situation des droits de l’homme en Iran. Cette situation a suscité des réactions d’autant plus vives que certains partisans du régime ont présenté le président nouvellement élu, Massoud Pezeshkian, comme une personnalité modérée et réformiste.

L’ONU appelle à la création d’un mécanisme international pour enquêter sur les « crimes atroces »

Quelques jours avant cette vague d’exécutions, le 22 juillet 2024, Javaid Rehman , le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Iran, a appelé à la mise en place d’un mécanisme international chargé d’enquêter sur les « atrocités criminelles » commises en Iran et de les poursuivre. Dans son rapport final, publié avant la fin de son mandat, Rehman a souligné les exécutions extrajudiciaires de milliers de prisonniers arrêtés arbitrairement lors de la répression de la dissidence politique dans les années 1980.

M. Rehman a déclaré que ces « atrocités criminelles » constituaient des crimes contre l’humanité, de meurtre et d’extermination, ainsi qu’un génocide. Il a souligné que parmi les victimes figuraient des femmes et des enfants, et que des femmes avaient été violées avant d’être exécutées. Le Rapporteur spécial a également noté que les bahá’ís étaient pris pour cible dans une « intention génocidaire » et que les minorités religieuses, ethniques et linguistiques continuaient d’être persécutées.

« Je le répète, il ne devrait y avoir aucune impunité pour de telles violations flagrantes des droits de l’homme, quelle que soit la période où elles ont été commises », a déclaré Rehman, appelant à la mise en place d’un mécanisme international indépendant d’enquête et de responsabilisation pour l’Iran.

Exécutions récentes

Dans ce contexte de préoccupation internationale, la récente vague d’exécutions comprend :

  • Trois prisonniers ont été exécutés le 28 juillet à la prison de Parsilon, à Khorramabad, pour des accusations liées à la drogue.
  • Kamran Sheikheh et Hassan Yusefi Azar, exécutés le 25 juillet à la prison d’Urmia.
  • Qader Jamshidi, exécuté à la prison de Torbat-e Jam.
  • Hamed Naderi et Ali Moharramkhani, exécutés le 27 juillet à la prison de Chubin Dar Qazvin.
  • Motiullah Barkezi, un citoyen afghan, exécuté le 26 juillet à la prison de Qaen, dans la province du Khorasan du Sud.

Des exécutions supplémentaires ont été signalées dans la prison de Vakil Abad à Mashhad, la prison de Birjand, la prison de Bandar Abbas, la prison de Dizelabad à Kermanshah et la prison de Qom.

Préoccupations persistantes et protestations des prisonniers

La campagne « Mardis sans exécution », menée par des prisonniers en grève de la faim, avait mis en garde contre une possible augmentation des exécutions après les élections. Leurs inquiétudes semblent se confirmer, faisant écho aux précédentes expériences de vague d’exécutions après les élections en Iran.

Selon les organisations de défense des droits de l’homme, au moins 249 personnes ont été exécutées en Iran au cours des six premiers mois de 2024, dont 147 pour trafic de drogue. Bien que ce chiffre représente une baisse de 30 % par rapport à la même période l’année dernière, la récente augmentation des exécutions a ravivé les craintes d’une forte hausse après les élections.

Réponse internationale et perspectives d’avenir

La communauté internationale continue d’exprimer sa profonde inquiétude face au recours à la peine de mort en Iran, notamment pour les infractions liées à la drogue. L’appel du Rapporteur spécial des Nations Unies en faveur de la création d’un mécanisme international chargé d’enquêter sur les violations passées et présentes des droits de l’homme renforce ces inquiétudes.

Alors que la situation évolue, les défenseurs des droits de l’homme restent vigilants et appellent à une plus grande transparence et au respect des normes internationales en matière de droits de l’homme dans le système judiciaire iranien. Le contraste entre les déclarations de modération du régime et les exécutions en cours met en évidence la nature complexe et souvent contradictoire de l’approche iranienne en matière de droits de l’homme et de justice.

Ref:

Surge in Executions: Iran Carries Out 30 Death Sentences in Eight Days Amid UN Calls for Accountability