
Dans le cadre d’une protestation coordonnée contre le rythme croissant des exécutions en Iran, des prisonniers iraniens de 37 centres de détention à travers le pays ont entamé une grève de la faim, coïncidant avec la cinquante-septième semaine de la campagne « Non aux exécutions les mardis ».
Alors que les exécutions et la répression systémique sont en hausse, un groupe de détenus de la prison de Chobindar à Qazvin a déclaré sa participation à la grève de la faim comme une position contre les peines capitales injustes imposées aux prisonniers politiques et non politiques. Dans une déclaration, ils ont annoncé leur intention de rejoindre la campagne plus large le mardi 25 février et de poursuivre leur grève jusqu’à ce que le système d’exécutions iranien soit arrêté.
La déclaration des prisonniers iraniens condamne explicitement la hausse des exécutions, en particulier après la conclusion des cérémonies gouvernementales du mois de Bahman (du 20 janvier au 18 février), qui marque l’anniversaire de la révolution de 1979. Selon leur rapport, entre le 19 et le 20 février, 17 prisonniers ont été exécutés, dont 10 pendus dans la prison de Qezel Hesar.
Ces chiffres concordent avec ceux du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), qui a déclaré qu’en deux jours seulement, les 19 et 20 février, au moins 14 prisonniers iraniens ont été exécutés dans les prisons de Ghezel Hesar, Mahabad, Amol, Ispahan et Bushehr. La vague d’exécutions se poursuit sans relâche, avec au moins 850 exécutions enregistrées sous le mandat du nouveau président du régime, Massoud Pezeshkian, dans le cadre de la stratégie systématique du régime visant à instiller la peur et à réprimer la dissidence.
Au-delà des exécutions, la déclaration souligne également la détérioration des conditions de détention dans les prisons iraniennes, avertissant que les décès de détenus ne sont pas uniquement dus à la peine capitale. Rien que la semaine dernière, trois prisonniers à Oroumieh, Lajevardi d’Iranshahr et Dehdasht seraient morts en raison de soins médicaux inadéquats.
« Cette situation menace la vie de nombreux autres prisonniers iraniens », peut-on lire dans le communiqué. « La mort de prisonniers malades faute de soins médicaux en temps opportun n’est rien d’autre qu’un « meurtre systématique ». »
Les prisonniers iraniens ont également exprimé leur profonde inquiétude quant au sort des détenus politiques Mehdi Hassani et Behrouz Ehsani, dont les demandes de nouveau procès ont été rejetées par la Cour suprême, ce qui les expose à un risque imminent d’exécution. Des inquiétudes similaires ont été exprimées pour d’autres détenus, notamment Pakhshan Azizi et Verisha Moradi dans la prison d’Evin et Sharifeh Mohammadi dans la prison de Lakan Rasht.
La campagne « Non aux exécutions les mardis » avait déjà averti que la nomination de Jafar Montazeri, ancien procureur général de l’Iran, à la tête de la Cour suprême renforcerait encore davantage la répression judiciaire. L’expérience de Montazeri dans la supervision des institutions de sécurité au sein du système judiciaire, affirme la campagne, a conduit à un effort concerté pour manipuler les procédures judiciaires et renforcer les verdicts du tribunal révolutionnaire sans procédure régulière.
« Cette nomination démontre pleinement l’inefficacité de cet organe à assurer des procès équitables », a déclaré le communiqué.
La campagne a réaffirmé son engagement à s’opposer à la peine capitale et s’est engagée à continuer de plaider pour son abolition en Iran. Elle a appelé les défenseurs des droits de l’homme, les militants politiques et civils, les syndicalistes et la communauté internationale à amplifier la voix des condamnés à mort et à œuvrer collectivement pour mettre fin aux exécutions en Iran.
Alors que la grève de la faim se déroule, la communauté internationale des droits de l’homme observera de près la manière dont les autorités iraniennes répondent à cette résistance croissante au sein des prisons du pays.
