Répression systématique des minorités religieuses en Iran

En ce jour de commémoration internationale des victimes de violences fondées sur la religion ou la conviction, le monde rappelle l’un des droits humains les plus fondamentaux : la liberté de religion et de croyance. Ce droit, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, est quotidiennement bafoué en Iran sous le régime théocratique en place.

Depuis des décennies, les adeptes de diverses confessions – les minorités religieuses en Iran – subissent arrestations massives, torture, exécutions collectives, destruction de lieux de culte et pressions sociales et économiques permanentes. Ce rapport, publié à l’occasion de cette journée, offre un aperçu documenté de cette répression systématique.

Un cadre juridique discriminatoire contre les minorités religieuses

La Constitution iranienne ne reconnaît officiellement que trois religions : le zoroastrisme, le christianisme et le judaïsme. Si l’islam sunnite est mentionné à l’article 12, ses fidèles restent parmi les principales victimes d’arrestations et d’exécutions.
D’autres minorités religieuses – baha’ies, yarsanis, derviches soufis, mandéens – n’ont aucune reconnaissance légale et sont privées de droits civils et sociaux.
Ce cadre discriminatoire viole ouvertement les engagements internationaux de l’Iran, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Convention contre la torture.

Schémas répressifs et chiffres alarmants contre les minorités religieuses

  • Exécutions : 993 exécutions ont été recensées en 2024, et déjà 799 en 2025, dont une part disproportionnée touche des minorités religieuses, notamment les prisonniers sunnites baloutches.
  • Arrestations : Plus de 1 200 baha’is arrêtés ou poursuivis en 2024 ; le nombre de convertis chrétiens emprisonnés a été multiplié par six, plus de 90 ayant écopé de lourdes peines.

Ciblage des communautés religieuses

Musulmans sunnites

En particulier au Baloutchistan et au Kurdistan, les sunnites sont victimes d’une répression continue : interdiction de construire des mosquées dans les grandes villes, fermeture de lieux de prière, arrestations massives de religieux et d’élus communautaires, exécutions fréquentes.

  • Exécutions de masse à la prison de Rajaee Shahr – août 2016 : 25 prisonniers sunnites exécutés sans préavis familial, après des années d’isolement et de torture.
  • Exécution de cinq prisonniers politiques sunnites – avril 2025 : arrêtés en 2015, torturés pour extorquer des aveux, ces cinq hommes ont été exécutés malgré des verdicts annulés à plusieurs reprises par la Cour suprême.

Sunnites baloutches

Dans le Sistan-Baloutchistan, plus de 100 prisonniers baloutches ont été exécutés en 2024, parmi eux Shuaib Mir-Baluchzehi Rigi, 18 ans.

Communauté baha’ie

  • Interdiction d’étudier et de travailler : exclusion des universités et emplois publics.
  • Confiscation et destruction des biens : maisons, commerces et terres confisqués ou rasés.
  • Arrestations massives : plus de 1 200 arrestations en 2024, parfois assorties de condamnations à mort.

Convertis chrétiens

  • Lieux de culte clandestins systématiquement perquisitionnés.
  • Plus de 90 condamnations à de lourdes peines en 2024.
  • Nombreux départs forcés du pays sous pression.

Derviches soufis

  • Centres religieux scellés ou détruits.
  • Arrestations massives lors des manifestations de 2017-2018.
  • Tortures et condamnations lourdes, malgré l’absence d’exécutions récentes.

Yarsanis (Ahl-e Haq)

  • Privés d’accès à l’éducation supérieure et à la fonction publique.
  • Contraints de cacher leur foi pour échapper aux persécutions.
  • Exécution de Reza Rasaei – 2025 : exécuté pour « inimitié envers Dieu », alors que son seul « crime » était d’être yarsan.

Mandéens (Sabéens)

  • Religion non reconnue.
  • Cérémonies religieuses restreintes, cimetières profanés.
  • Migration forcée pour fuir les discriminations.

Minorités reconnues (chrétiens, juifs, zoroastriens)

Malgré une reconnaissance officielle, ces communautés subissent discriminations légales (héritage, témoignage en justice, indemnisation) et une surveillance étroite de leurs écoles et lieux de culte.

Condamnations internationales

  • Mai Sato (Rapporteuse spéciale de l’ONU) : dénonce la détention arbitraire et la discrimination structurelle subies par baha’is, soufis, chrétiens et sunnites.
  • Professeur Javaid Rehman (ancien Rapporteur spécial) : qualifie cette répression de violation systématique des droits humains et appelle à la responsabilisation internationale.
  • Amnesty International : pointe l’Iran comme le pays au plus grand nombre d’exécutions enregistrées, ciblant disproportionnellement les minorités religieuses.

Conclusion : un appel urgent à l’action internationale

La persécution des minorités religieuses en Iran n’est pas un ensemble d’incidents isolés, mais une politique d’État méthodique visant à effacer ces communautés de la vie publique.
Nous appelons :

  • le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies,
  • les rapporteurs spéciaux sur les droits humains et la liberté religieuse,
  • et toutes les instances internationales compétentes,

à :

  • lancer des enquêtes indépendantes sur les violations de la liberté religieuse en Iran,
  • imposer un moratoire immédiat sur les exécutions,
  • obtenir la libération des prisonniers d’opinion,
  • et garantir la liberté religieuse et civile de tous les citoyens iraniens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *