
Une vague de protestations a déferlé sur l’Iran les 18 et 19 octobre 2025, révélant le déclin profond et irréversible de la théocratie au pouvoir. De la capitale, Téhéran, à des villes comme Ispahan, Ahvaz et Zahedan, un cri de contestation unifié s’est élevé de tous les secteurs de la société iranienne. Il ne s’agissait pas d’une série de griefs isolés, mais d’un élan national contre un régime marqué par une corruption systémique, une gestion économique catastrophique et une répression brutale.
Retraités, boulangers, étudiants, infirmières et familles de condamnés à mort sont descendus dans la rue, dressant le portrait lucide d’une nation au bord de la rupture. Ces manifestations démontrent l’incapacité totale du régime au pouvoir à répondre aux besoins les plus élémentaires de la population.
L’effondrement économique : une poudrière de colère populaire
Le catalyseur immédiat de nombre de ces manifestations est un effondrement économique généralisé, symbolisé par l’effondrement de la monnaie nationale, le dollar atteignant le seuil ahurissant de 100 000 tomans. Cette hyperinflation a anéanti l’épargne et plongé des millions de personnes dans une pauvreté extrême.
Les retraités, qui ont consacré leur vie à la construction du pays, sont désormais en première ligne des manifestations. À Shoush, leurs slogans ont touché au cœur de la crise : « Un dollar à 100 000 tomans, nos vies sont ruinées ! » Ce sentiment a été relayé dans tout le pays. À Ispahan, des sidérurgistes retraités ont déploré : « Un pays riche, mais nos vies sont ruinées », tandis qu’à Téhéran, des retraités de l’industrie pétrolière ont exigé la démission des responsables. À Ahvaz, les manifestants ont déclaré : « Ni le Parlement ni le gouvernement ne se soucient du peuple. »
La manifestation des retraités à Kermanshah a peut-être été la plus accablante. Ils ont démantelé la propagande de longue date du régime en scandant : « Le vrai problème, c’est la corruption interne, pas les ennemis étrangers.»
Ce désespoir économique a également déclenché des manifestations parmi ceux qui fournissent la denrée de base la plus essentielle au pays : le pain. À Téhéran, les boulangers ont manifesté contre des mois de subventions impayées et une corruption généralisée, dénonçant les pratiques frauduleuses de l’entreprise « Nanino », filiale de l’État. Leur cri était une condamnation sans appel des priorités du régime : « Nous avons travaillé pendant des années pour nourrir la population, maintenant nous avons faim ! »
La réponse du régime : matraques, bulldozers et promesses non tenues
Face à ces revendications légitimes et pacifiques, le régime clérical a réagi avec les seuls outils qui lui restent : la violence, la cruauté systématique et la tromperie.
Dans une effroyable démonstration de brutalité à Téhéran, les familles de condamnés à mort se sont rassemblées devant le Parlement. Leur manifestation pacifique, marquée par les slogans « Non aux exécutions », a été violemment réprimée par les forces de sécurité qui ont matraqué les familles endeuillées. Cet acte révèle un régime qui craint même les supplications de ses citoyens les plus vulnérables.
À Zahedan, la persécution systématique des minorités ethniques par le régime était flagrante. Le 18 octobre, des agents de la Fondation pour le logement, sans préavis ni décision de justice, ont utilisé des bulldozers pour démolir les maisons de familles baloutches du village de Hassanabad. Des habitants, dont des femmes et des enfants, se sont retrouvés sans abri après que leurs économies ont été réduites en cendres.
Cette injustice cautionnée par l’État est généralisée. À Rasht, les demandeurs du plan « Logement national » ont protesté contre des années de retards et de hausses de prix illégales imposées par la Fondation pour le logement du régime. De même, les habitants d’Ilam ont protesté contre des années de promesses creuses des élus municipaux, déclarant que leur patience était à bout. Ces incidents révèlent un gouvernement qui non seulement ne répond pas aux besoins de ses citoyens, mais les exploite activement.
À Kermanshah, les infirmières ont annoncé leur boycott des cérémonies officielles de la « Journée des infirmières ». Invoquant des mois d’heures supplémentaires, de primes et d’avantages sociaux non payés, elles ont menacé d’utiliser tous les moyens légaux de protestation, y compris la grève. Cela constitue un échec catastrophique dans le soutien aux professionnels de santé essentiels du pays.
Pendant ce temps, les universités iraniennes demeurent des foyers de résistance. Le 18 octobre, des étudiants de l’université Khajeh Nasir de Téhéran ont manifesté contre la qualité désastreuse de la nourriture et les traitements humiliants infligés par les autorités. Leur protestation ne concerne pas seulement la nourriture ; elle dénonce le manque de respect systémique envers les futures générations du pays.
Ces manifestations sont un verdict clair et sans appel du peuple iranien : le régime clérical est illégitime, en faillite et incapable de se réformer. Le slogan scandé par les retraités de Kermanshah – l’ennemi n’est pas à l’extérieur, mais la corruption à l’intérieur – est devenu la vérité fondamentale de ce mouvement national.
Le recours du régime aux matraques et aux bulldozers n’est pas un signe de force, mais de faiblesse inexorable. Il révèle une classe dirigeante terrifiée par son propre peuple. Cette résistance généralisée et multisectorielle est la véritable voix de l’Iran. Il s’agit d’un mouvement alimenté par une demande de dignité fondamentale, de justice économique et de liberté politique – un mouvement qui ne peut être réduit au silence et qui témoigne de la détermination inébranlable du peuple iranien à reconquérir son pays et à établir une république démocratique.
