En Iran, une prisonnière politique kurde privée de soins par les autorités

Zeinab Jalalian, l’unique femme détenue en Iran pour des raisons politiques et condamnée à la réclusion à perpétuité, demeure dans un état de santé critique à la prison centrale de Yazd, dépourvue des soins médicaux essentiels dont elle a besoin suite à une intervention chirurgicale.

En novembre dernier, cette militante kurde a subi une opération destinée à traiter des fibromes utérins. Contrairement aux protocoles médicaux standards et en violation des recommandations spécialisées, elle a été ramenée de force en détention moins d’une journée après l’intervention, sans bénéficier du suivi postopératoire indispensable. Depuis cette opération, les autorités pénitentiaires refusent obstinément son transfert vers des structures hospitalières externes, malgré l’urgence médicale attestée par le personnel de santé de la prison lui-même.

Les complications se multiplient pour cette détenue. Son organisme porte les traces de longues années de maltraitance carcérale : hémorragies internes chroniques, dysfonctionnement rénal progressif et douleurs persistantes forment un tableau clinique inquiétant. En 2024, même face à des crises aiguës, elle n’a reçu que des calmants à l’infirmerie pénitentiaire, sans consultation d’un spécialiste. Depuis son retour en détention suite à la chirurgie, son état n’a cessé de se détériorer, aggravé par la malnutrition et les conditions insalubres de l’établissement.

Les appels répétés de sa famille pour son hospitalisation immédiate restent lettre morte. Les médecins pénitentiaires ont eux-mêmes averti que cette situation pourrait mener à une insuffisance rénale permanente et à des dégâts irréversibles.

Au-delà de la négligence médicale, Jalalian subit des pressions psychologiques systématiques. Des agents des services de renseignement l’ont contactée à plusieurs reprises en 2024, liant explicitement l’accès à un traitement hospitalier à la signature d’une lettre contenant des confessions politiques. Cette stratégie de chantage constitue une forme reconnue de torture psychologique. La prisonnière a fermement rejeté ces exigences, rappelant que l’accès aux soins relève des droits humains inaliénables et ne peut être utilisé comme levier de coercition politique.

Zeinab Jalalian a vu le jour en 1982 à Makou et s’est investie dans la défense des droits des femmes kurdes. Arrêtée en 2007, elle a été jugée en 2009 et initialement condamnée à mort pour « hostilité envers Dieu » en raison de son implication supposée dans des mouvements de contestation kurde, ainsi qu’à une année d’emprisonnement pour franchissement de frontière illégal. La Cour suprême a finalement commuté sa sentence capitale en détention sans limitation de durée, une décision dont elle a été informée verbalement par l’administration carcérale.

Tout au long de son incarcération, Jalalian affirme avoir subi des tortures graves : coups de pieds aux voûtes plantaires, violences abdominales, projections de la tête contre les parois et menaces de violences sexuelles. Ces allégations ont été corroborées par les organisations internationales de défense des droits humains, qui dénoncent régulièrement son sort.

Le cas de Zeinab Jalalian illustre un schéma institutionnel plus large : l’instrumentalisation de la médecine comme arme de contrôle et de répression politique. Le refus systématique de soins adéquats aux détenus politiques ne relève pas d’une gestion carcérale défaillante, mais d’une politique délibérée. Chaque jour passé sans accès aux structures hospitalières nécessaires augmente dangereusement le risque pour sa vie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *