Le 19 novembre 2025, la Troisième Commission de l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution historique qui mentionne explicitement, pour la première fois, le massacre de 1988 des prisonniers politiques en Iran. Cette reconnaissance marque une avancée majeure, représentant la première prise de conscience officielle de la communauté internationale concernant l’un des pires crimes contre l’humanité perpétrés par le régime iranien.
Alors que le régime menace ouvertement de recommencer ce massacre tandis que le nombre d’exécutions augmente de manière alarmante, les défenseurs des droits humains appellent le monde à passer de la simple condamnation à des mesures concrètes.
Cette résolution, adoptée avec 79 voix pour et 28 contre, est la 72ᵉ à dénoncer les graves violations des droits humains en Iran. Cependant, elle se distingue par la précision avec laquelle elle dénonce les atrocités accumulées sur plusieurs décennies par le régime.
Parmi les points essentiels, elle aborde plusieurs violations actuelles :
1. *Discrimination religieuse institutionnalisée* : La résolution exige la suppression de toutes les lois discriminatoires, en particulier les articles 499 bis et 500 bis du Code pénal islamique, qui ont engendré des persécutions, des saisies de biens, des exclusions scolaires, notamment contre les Bahá’ís et d’autres minorités religieuses. Elle condamne aussi la montée de l’antisémitisme et les attaques étatiques contre les communautés juives, ainsi que toute négation de l’Holocauste.
2. *Impunité face aux disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires* : La résolution exprime de vives inquiétudes quant au refus du régime de juger les responsables liés à des disparitions forcées, des exécutions sans procès, la destruction de preuves, et la diffusion médiatique d’appels à la violence rappelant le massacre de 1988. C’est la première fois que l’ONU établit un lien direct entre ces crimes actuels et ce massacre du passé.
3. *Torture systématique et répression des manifestants* : Elle dénonce le manque d’enquêtes sur la torture, les violences sexuelles, les détentions arbitraires, et l’usage excessif de la force, qui ciblent particulièrement les défenseurs des droits humains, les manifestants pacifiques, les prisonniers politiques, ainsi que les binationaux et étrangers. La résolution met en lumière un système d’impunité institutionnalisé renforçant la répression d’État.
4. *Non-respect des obligations internationales* : Téhéran est sommé de respecter ses engagements en matière de droits humains, de lever ses réserves incompatibles avec les traités internationaux et d’autoriser pleinement la coopération onusienne, notamment en autorisant enfin la visite du Rapporteur spécial sur l’Iran, régulièrement refusée jusqu’à présent.
À côté de cette reconnaissance officielle du massacre de 1988, la résolution condamne vivement la recrudescence des exécutions, qui ont dépassé 1 700 depuis le début de 2025 — un chiffre près du double comparé à la même période l’an passé. Une large part de ces condamnations à mort sont politiquement motivées et visent à intimider les manifestants des soulèvements récents.
Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la résistance iranienne, a salué cette résolution comme un reflet partiel des crimes commis, en insistant sur la nécessité de porter le dossier du régime devant le Conseil de sécurité des Nations unies et de traduire ses responsables en justice. Elle a rappelé que l’impunité prolongée des coupables, dont beaucoup occupent toujours des postes clés sous l’autorité d’Ali Khamenei, a permis la répétition des atrocités depuis plus de quarante ans.
Elle a aussi dénoncé le chef du régime comme l’instigateur des exécutions, du terrorisme et des conflits, affirmant qu’il ne représente pas le peuple iranien et doit être exclu des instances internationales.
Cette reconnaissance marque un tournant décisif dans la lutte contre l’impunité institutionnelle qui a alimenté des décennies de crimes, du massacre de 1988 à la répression des manifestations nationales successives, jusqu’aux exécutions record de 2025. Reste à savoir si la communauté internationale transformera cette prise de conscience en actions concrètes, notamment en saisissant le Conseil de sécurité, condition essentielle pour que justice soit rendue aux milliers de victimes passées et présentes.
