Iran : Un enfer quotidien pour les prisonnières politiques d’Evin

Dans le quartier des femmes de la prison d’Evin, la situation s’est encore dégradée ces dernières semaines. Les prisonnières politiques subissent désormais des restrictions drastiques et une pression sécuritaire accrue. L’approvisionnement en nourriture de base a été totalement interrompu, la cuisine du quartier fermée, et le prix des produits essentiels a brusquement grimpé. Les visites familiales, autrefois bihebdomadaires, ne sont désormais autorisées qu’une fois par mois, plongeant les détenues dans un isolement accru et une détresse psychologique profonde.

Les familles dénoncent un coût de la vie devenu insupportable à l’intérieur de la prison, tandis que la raréfaction des visites fragilise davantage le moral des femmes incarcérées. L’accès aux soins médicaux est, lui aussi, de plus en plus entravé : retards intentionnels, ingérence des services de sécurité et pénurie de médicaments essentiels rendent la situation sanitaire critique. Les proches alertent sur une négligence qui menace désormais la santé et la sécurité des détenues.

Le quartier 6, situé au sous-sol, est particulièrement sinistre. Humidité constante, air vicié, murs couverts de moisissures et odeurs nauséabondes rendent l’environnement irrespirable. De nombreuses femmes souffrent de troubles respiratoires, de maux de tête chroniques et de douleurs articulaires. La présence de rats dans les chambres et les couloirs ajoute à l’insalubrité et aux risques sanitaires. Les dégâts causés par d’anciens incendies et attaques n’ont jamais été réparés, et la surpopulation, combinée à l’absence de fournitures de base, rend les conditions de vie presque insoutenables, surtout pour les détenues âgées ou malades.

Parmi les quelque 60 prisonnières politiques et 6 détenues pour raisons financières, plus d’une dizaine ont plus de 60 ans et nécessitent des soins constants. De nombreuses femmes souffrent de maladies graves : cancer, sclérose en plaques, maladies cardiaques, diabète, rhumatismes, troubles sévères de la colonne vertébrale. L’accès aux médicaments, aux examens et aux traitements spécialisés est extrêmement limité, voire inexistant. Cette privation médicale semble être une stratégie délibérée pour briser la résistance physique et psychologique des prisonnières.

Plusieurs cas illustrent cette politique de négligence. Aida Najaflou, convertie chrétienne, a subi une fracture de la colonne vertébrale après une chute. Malgré la confirmation médicale, elle a été renvoyée à Evin sans traitement, et malgré les protestations, elle n’a toujours pas reçu les soins nécessaires. Marziyeh Farsi, atteinte de cancer et de problèmes cardiaques, voit son état se détériorer rapidement, ses médicaments essentiels étant refusés par les autorités. Shiva Esmaeili, immobilisée après des douleurs dorsales, est privée de transferts médicaux et de contact avec ses enfants, aggravant sa souffrance psychologique et physique.

Plusieurs femmes, dont Verisheh Moradi, Pakhshan Azizi et Nasimeh Eslamzehi, risquent l’exécution. D’autres purgent de longues peines de prison. Certaines, comme Shiva Esmaeili et Zahra Safaei, ont été arrêtées avec leurs enfants, qui vivent dans des conditions dangereuses et précaires. Des femmes sunnites originaires d’Afghanistan, du Tadjikistan, d’Inde et de Jordanie sont détenues dans des cellules séparées, mal équipées. Deux d’entre elles ont accouché à l’intérieur de la prison, sans lait infantile ni soins adaptés pour leurs nourrissons.

Ces conditions violent clairement les normes internationales relatives aux droits humains : droit à un traitement humain, droit à la santé, interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants, protection des mères et des enfants. La privation médicale, les conditions insalubres, l’insécurité alimentaire, la réduction des visites et la pression psychologique constituent un schéma systématique d’abus contre les prisonnières politiques.

La pression croissante, les privations et les restrictions sévères imposées aux prisonnières d’Evin reflètent une politique d’État fondée sur la négligence médicale, la pression psychologique et des conditions inhumaines. Le manque de soins médicaux, la diminution des visites familiales et la dégradation rapide des conditions sanitaires mettent la vie de dizaines de femmes, en particulier les plus âgées et les plus malades, en danger immédiat. Des mesures urgentes sont nécessaires : transfert médical immédiat des femmes gravement malades, rétablissement des visites familiales, amélioration des conditions pour les mères et leurs enfants, levée des restrictions abusives et accès à une surveillance indépendante du quartier des femmes. Malgré la répression sévère, ces femmes continuent de faire preuve d’un courage exceptionnel. Leur situation exige une attention immédiate de la communauté internationale des droits humains.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *