Goli Kouhkan : de jeune mariée contrainte à survivante battue, condamnée à mort en Iran pour avoir échappé à la violence

Née dans l’une des régions les plus démunies et marginalisées d’Iran, le Baloutchistan, Goli Kouhkan a grandi dans l’ombre d’un système oppressif qui a effacé son identité avant même qu’elle ne puisse l’affirmer. Sans acte de naissance ni documents légaux, elle a été privée de toute reconnaissance officielle et de protection.

À seulement 12 ans, elle a été mariée de force à un cousin beaucoup plus âgé, sans que son consentement ou ses désirs soient pris en compte. Loin de l’enfance, elle a dû affronter très tôt la dure réalité d’un mariage abusif. À 13 ans, Goli a donné naissance seule dans des conditions précaires, sans aucune assistance médicale.

Son quotidien s’est rapidement transformé en un enfer de violences physiques et psychologiques, subies de la part d’un mari brutal. Malgré plusieurs tentatives de fuite, elle a été systématiquement ramenée, car dans cette société, les femmes pauvres, rurales, et appartenant à une minorité ethnique comme les Baloutches, sont très vulnérables et ignorées par les mécanismes de protection sociale ou judiciaire.

En 2018, alors qu’elle n’a que 18 ans, une nouvelle explosion de violence a conduit à la mort de son mari, lors d’une altercation déclenchée suite à une intervention extérieure. Pourtant, au lieu de bénéficier d’une prise en compte des violences subies pendant des années, Goli a été arrêtée sans accès à un avocat, confrontée à des interrogatoires dans une langue qu’elle ne maîtrise pas, et contrainte sous pression psychologique à une confession utilisée pour la condamner à mort selon la loi du qisas, qui ne considère pas ses circonstances particulières ni sa minorité d’âge au mariage.

Aujourd’hui âgée de 25 ans, elle attend en prison sa sentence capitale. La famille de la victime refuse de la gracier à moins qu’elle ne verse une somme exorbitante, un montant impossible à réunir qui fait de sa condamnation une conséquence directe de sa pauvreté.

Des experts des Nations Unies ont dénoncé cette situation comme une violation flagrante des droits humains, soulignant son statut de survivante de violences conjugales et de mariage forcé, ainsi que la discrimination qu’elle subit en raison de son origine ethnique et de son absence de statut légal. Ils demandent l’arrêt immédiat de son exécution, qui représenterait un grave déni de justice.

Le cas de Goli Kouhkan illustre une réalité plus large : des centaines de femmes en Iran, en particulier issues des minorités ou victimes de violences, sont confrontées à un système judiciaire qui transforme la survie en crime. Depuis 2010, des centaines de femmes ont été exécutées dans des conditions similaires, souvent punies pour avoir défendu leur vie face à l’abus.

Cette affaire met en lumière l’utilisation politique et discriminatoire de la justice en Iran, où des personnes marginalisées sont systématiquement privées de leurs droits fondamentaux à l’éducation, à la protection légale, à un procès juste, et, aujourd’hui, au droit même de vivre.

Goli Kouhkan est aujourd’hui, plus qu’une condamnée, une victime d’un système inhumain. Son combat est devenu un appel urgent à la justice et à la solidarité internationale pour empêcher que sa vie ne soit sacrifiée au nom d’une loi injuste et d’un contexte de discrimination systémique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *