Décès suspect d’un avocat engagé pour les droits des manifestants en Iran : un silence inquiétant autour de Khosro Alikordi

Le frère de Khosro Alikordi, avocat militant en faveur des manifestants, a révélé que les autorités iraniennes avaient confisqué les seize caméras de surveillance de son bureau, situées à Mashhad, lieu où le corps de Khosro a été retrouvé le 6 décembre au matin. Il exige la remise complète des enregistrements vidéo à la famille, avertissant qu’en cas de refus, il saisira les institutions internationales pour faire éclater la vérité et obtenir justice.

Lors de la cérémonie en hommage à son frère, Javad Alikordi a dénoncé les zones d’ombre entourant cette disparition. Selon lui, les forces de sécurité ont emporté toutes les preuves visuelles au moment de la découverte du corps et, malgré les multiples démarches familiales, aucune vidéo ne leur a été remise. Il insiste sur l’importance de recevoir les images sans aucune suppression ou manipulation, car l’absence même d’une seule seconde compromettrait totalement la confiance envers le système judiciaire iranien. Il a clairement indiqué qu’en pareil cas, il renoncerait à toute procédure interne et s’adresserait uniquement à la justice internationale.

Parmi ses mots forts, il a déclaré : « Je réclame pacifiquement que les seize caméras soient rendues sans aucune omission ; sinon, la voix du sang de mon frère portera devant les instances internationales. »

Khosro Alikordi était reconnu sur les réseaux sociaux pour son rôle de défenseur des manifestants du mouvement national de 2022. Ancien prisonnier politique, il avait également été empêché d’entreprendre un doctorat en droit public à l’Université de Téhéran et était un étudiant suivi à l’Université Allameh.

Le 7 décembre, des proches ont rapporté que le corps présentait des marques de coups, un traumatisme crânien ainsi que des traces de sang autour du nez et de la bouche. La famille n’a toujours pas eu accès aux vidéos issues des caméras.

Cette affaire s’inscrit dans un contexte sombre marqué par un lourd passé de violences politiques attribuées au régime iranien, connu notamment pour ses assassinats ciblés d’artistes, d’écrivains et de dissidents au cours des années 1990. Les défenseurs des droits humains réclament aujourd’hui la mise en place d’une commission internationale indépendante afin de faire toute la lumière sur cette mort suspecte.

La suspicion d’une implication directe des institutions d’État est alarmante. Le régime iranien ne dispose d’aucun mécanisme indépendant d’enquête ou de contrôle, ses responsables échappant à toute forme de reddition de comptes et l’absence totale de transparence rendant une enquête interne illusoire.

Hassan Hosseini, gouverneur de Mashhad, a officiellement déclaré que Khosro Alikordi était décédé d’une crise cardiaque, vendredi soir, dans son bureau. Cette version, émanant d’un proche des services de sécurité, a suscité une vive indignation parmi militants civils et prisonniers politiques qui accusent directement le régime.

Un groupe de détenus politiques et religieux de la prison de Vakilabad à Mashhad a publié un message collectif qualifiant la disparition de Khosro Alikordi de « tragique et suspecte ». Ils ont rendu hommage à son courage, soulignant qu’il avait défendu avec intégrité pendant des années les droits des prisonniers politiques et religieux.

Ce décès nourrit les inquiétudes quant à la sécurité des avocats indépendants, des défenseurs civils et des opposants critiques envers le régime iranien. La famille d’Alikordi, les ONG de défense des droits humains ainsi que les prisonniers politiques appellent unanimement à une enquête indépendante et internationale afin de garantir que justice soit rendue.

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