À l’approche de la Journée internationale des droits humains, la situation en Iran s’impose une fois de plus comme une urgence majeure pour la communauté mondiale. Les données documentées sur les onze premiers mois de 2025 révèlent une accélération sans précédent de la répression systématique.
Une escalade inédite des violations
Le régime iranien compte parmi les rares gouvernements au monde ayant fait l’objet de plus de 72 résolutions des Nations unies dénonçant les violations des droits humains sur son territoire. Loin de s’améliorer, cette situation s’est dramatiquement aggravée en 2025. Lors de la récente session de l’Assemblée générale de l’ONU, une nouvelle résolution d’une fermeté exceptionnelle a condamné la hausse vertigineuse des exécutions, l’institutionnalisation systématique de la torture, la répression des manifestants, le déni de procès équitables et l’impunité généralisée des responsables. Malgré ces exhortations internationales, aucune de ces demandes n’a été satisfaite.
Les chiffres du désastre
Au cours des onze premiers mois de 2025, au moins 1 791 exécutions ont été effectuées, plus du double des 993 enregistrées en 2024. Plus de 1 500 autres prisonniers attendent leur exécution dans le couloir de la mort. Ce qui rend cette année particulièrement sombre, c’est l’augmentation spectaculaire des exécutions de femmes : au moins 57 ont été tuées, établissant un record macabre depuis quatre décennies.
La torture comme méthode d’État
La torture reste une pratique institutionnalisée dans les centres de détention iraniens. Les méthodes documentées incluent des passages à tabac brutaux, des suspensions prolongées, des électrochocs, des privations chroniques de sommeil, des menaces d’agressions sexuelles et l’enfermement dans des cellules exiguës qualifiées de « cercueils ». Les prisonniers issus des communautés baloutche, kurde et sunnite rapportent les tortures les plus atroces, y compris l’insertion d’aiguilles sous les ongles et des brûlures intentionnelles.
Les interrogateurs appliquent également des pressions psychologiques sur les enfants et adolescents pour extorquer des aveux. Ces confessions, obtenues sous contrainte, sont systématiquement diffusées par les médias d’État pour légitimer les poursuites avant que ne soient prononcées des condamnations disproportionnées. Le cycle demeure immuable : arrestation, torture, aveux forcés, diffusion médiatique, condamnation.
Négligences médicales délibérées
Le refus systématique de soins médicaux constitue une forme insidieuse de torture « blanche » qui s’est intensifiée en 2025. Au minimum, 23 femmes sont décédées à la prison de Qarchak depuis le début de l’année suite à des négligences médicales et à des transferts hospitalisés retardés. De nombreux détenus atteints de maladies graves se voient refuser l’accès à des médicaments essentiels et à des hospitalisations vitales, entraînant une succession de morts évitables et de suicides.
Les disparitions dans l’appareil répressif
Les disparitions forcées se sont généralisées comme outil central de contrôle. Les autorités recourent aux transferts secrets, à la coupure totale de communications et au refus d’information aux familles. Ces pratiques violent directement le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et franchissent potentiellement le seuil juridique des crimes contre l’humanité.
Persécution genrée
2025 demeure l’année la plus catastrophique pour les femmes depuis quarante ans. Au-delà des 57 exécutions de femmes et des 23 décès à Qarchak, le régime a transféré des prisonnières politiques vers un complexe souterrain, systématiquement dénié les soins médicaux et intensifié les pressions psychologiques. Ces actions constituent une persécution structurelle fondée sur le genre au regard du droit international.
Minorités sous le joug
Les communautés kurde, baloutche, arabe, sunnite et bahaï subissent une répression discriminatoire enracinée. Bien que numériquement minoritaires, ces groupes représentent près de 20 % des exécutions, révélant un ciblage délibéré.
Crimes contre l’humanité
L’accumulation des preuves — ampleur des exécutions massives, torture institutionnalisée, disparitions forcées, privation médicale délibérée, ciblage systématique des femmes et minorités — démontre que ces violations ne sont ni sporadiques ni isolées. Elles forment un ensemble coordonné et intentionnel, caractérisant des violations graves et structurelles des droits humains fondamentaux. L’impunité totale dont jouissent les forces de sécurité et les magistrats perpétue ce cycle infernal.
Le caractère massif, la gravité avérée et la dimension systématique de la torture, des exécutions et de la persécution atteignent le seuil juridique définissant les crimes contre l’humanité en droit international.
Urgence et appel
Les milliers de détenus politiques, idéologiques, femmes et minoritaires demeurent exposés à des risques imminents de torture, de mort délibérée ou d’exécution. Cette situation exige une mobilisation internationale immédiate et coordonnée pour freiner les nouvelles violations et protéger les personnes les plus vulnérables. Le temps presse. Chaque jour compte.
