Deux ans après la mort de Mahsa Amini : Les étudiants emprisonnés appellent à la poursuite de la résistance contre le régime

À l’occasion du deuxième anniversaire de la mort tragique de Mahsa Amini lors de sa garde à vue et de l’éruption subséquente de manifestations nationales en Iran, deux étudiants emprisonnés, Amirhossein Moradi et Ali Younesi, ont publié un message puissant. Leurs paroles de défi soulignent l’esprit de résistance qui continue d’animer la jeunesse iranienne. Dans une déclaration partagée sur la plateforme de médias sociaux X (anciennement Twitter) le dimanche 15 septembre, ils ont déclaré que la lutte pour la liberté se poursuivra « de l’université et de l’école à la rue » jusqu’à ce que le but ultime soit atteint : le « renversement de Khamenei ». Ils décrivent cette lutte comme une « alliance sanglante ».

Dans leur message poignant, Moradi et Younesi ont salué les manifestations de 2022 comme un « courageux soulèvement du peuple iranien » et ont rendu hommage à ceux qui ont porté le flambeau de la résistance :

« À la veille de la nouvelle année universitaire – une ère liée à des jours sanglants mais illuminée par des batailles lumineuses – nous envoyons notre message à nos camarades étudiants, de l’université à la rue. À tous ceux qui croient que nous devons résister et réclamer ce qui nous appartient, à ceux qui ont transformé les rues en salles de classe, à ceux à qui l’on a interdit d’entrer dans leur deuxième maison – les écoles et les universités – à ceux qui, cette année, porteront le fardeau de la liberté sur leurs épaules : Nous sommes avec vous, côte à côte, même derrière ces barreaux. Rien ne peut nous séparer de vous.

Ces deux prisonniers politiques, qui ont subi la répression du régime, ont proclamé que « notre génération est la génération du soulèvement ». Ils ont souligné que cette génération « s’est battue de toutes ses forces pendant le soulèvement de Mahsa Amini » – beaucoup ont été arrêtés, beaucoup ont été tués, mais ils « ne se sont pas rendus et ne se rendront pas ».

Le cauchemar du régime : les étudiants du soulèvement

Moradi et Younesi ont également souligné la crainte du régime face à la nouvelle génération qui entre à l’université, une génération forgée dans le feu des manifestations de 2022. Selon eux, cette expérience a transformé le début de l’année universitaire en un « cauchemar pour le gouvernement ». Ils ont averti qu’à partir de cette date, « le régime doit se préparer à la réponse des écoles et des universités à chaque crime qu’il commet ».

Leur déclaration s’en prend également à Masoud Pezeshkian, le nouveau président du régime, qui « a affirmé de manière trompeuse que les étudiants avaient le droit de manifester ». Moradi et Younesi ont mis en évidence la nature creuse de cette rhétorique :

« Oui, nous avons ce droit, qu’il le reconnaisse hypocritement ou non. Mais ce qu’il ne dit pas, c’est ce qui arrive à l’étudiant après qu’il ait manifesté ».

Un appel à la souveraineté démocratique

Moradi et Younesi ont réaffirmé leur attachement aux idéaux d’une république démocratique, soulignant que « le droit du peuple à la souveraineté et à la démocratie » est « le droit le plus fondamental ». Ils ont promis d’y parvenir à tout prix, en se tenant « aux côtés du peuple » dans cette lutte.

Leur message se terminait par un avertissement glaçant mais résolu :

« Le baril de poudre de la colère et de la haine, qui s’est accumulé pendant des années d’exécutions, de meurtres et d’oppression, n’a besoin que d’une étincelle pour exploser. Cette étincelle pourrait s’allumer dans une école ou une université, et elle conduira à un soulèvement national qui ne s’arrêtera pas tant que Khamenei ne sera pas renversé ».

L’héritage de Mahsa Amini et les manifestations de 2022

Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, est décédée le 16 septembre 2022 à l’hôpital Kasra de Téhéran après avoir été arrêtée par la police des mœurs du régime pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire strict du pays. Sa mort a déclenché une vague de protestations dans tout l’Iran, les manifestants descendant dans les rues, les universités et les écoles en nombre sans précédent. Les manifestations, qui ont duré des mois, ont été violemment réprimées par le régime. Des centaines de citoyens ont été tués et des milliers d’autres ont été blessés ou arrêtés au cours de la répression.

Grèves de la faim et commémorations dans les prisons

À l’approche du deuxième anniversaire de ces manifestations à la suite de la mort de Mahsa Amini, les prisonniers politiques de tout l’Iran ont marqué l’événement par des actes de défi. Dans le quartier des femmes de la prison d’Evin, plusieurs prisonniers ont entamé une grève de la faim pour protester contre la répression continue du régime. Ils ont également organisé une cérémonie commémorative en l’honneur des victimes du soulèvement de 2022, rendant hommage à ceux qui ont perdu la vie dans la lutte. Certains prisonniers ont partagé leurs histoires personnelles, racontant les scènes poignantes dont ils ont été témoins pendant les manifestations.

Pendant ce temps, les prisonniers politiques de la prison de Qezel Hesar ont également organisé une commémoration à l’occasion du deuxième anniversaire des manifestations nationales, en solidarité avec leurs concitoyens et en souvenir des sacrifices consentis dans la quête de la liberté.

Source : INU

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