
Dans une lettre frappante publiée dans le cadre de la 45e campagne « Les mardis sans exécutions », cinq prisonniers politiques iraniens condamnés à mort ont appelé à la résistance contre la peine capitale et dénoncé les injustices systémiques dans le système judiciaire iranien. Ces prisonniers, qui soutiennent le groupe d’opposition People’s Mojahedin Organization of Iran (OMPI), sont détenus à la prison d’Evine à Téhéran et observent actuellement une grève de la faim.
La lettre, signée par les prisonniers Seyyed Abolhassan Montazer, Babak Alipour, Shahrokh (Akbar) Daneshvar Kar, Vahid Bani Amerian et Pouya Ghobadi, condamne leurs peines qui, selon eux, sont fondées sur des accusations fabriquées de toutes pièces et sur une procédure judiciaire profondément viciée.
Points clés de la lettre
Les prisonniers commencent leur déclaration en soulignant la disparition de leur codétenu, Mohammad Taghavi, il y a quatre mois, après son transfert dans le tristement célèbre pavillon 209 de la prison d’Evin. Taghavi, survivant et témoin des exécutions massives de prisonniers politiques en Iran en 1988, avait refusé d’assister aux procédures judiciaires, dénonçant le pouvoir judiciaire comme illégitime.
La lettre poursuit en critiquant le régime iranien, affirmant que sa nature « anti-humaine et illégitime » invalide les processus judiciaires et légaux sous son autorité. Ils dénoncent le système judiciaire du régime qui perpétue les violations des droits de l’homme, la torture et les accusations sans fondement à l’encontre des dissidents.
Exprimant leur solidarité avec tous les prisonniers du couloir de la mort en Iran, les cinq auteurs rejettent la peine de mort dans son ensemble. Leur appel ne se limite pas à leur propre survie, mais appelle à l’abolition de la peine capitale pour tous, arguant que les exécutions sont un outil pour instiller la peur et supprimer la dissidence. Au contraire, ils exhortent le peuple iranien à transformer la peur en courage et en résistance, pour aboutir à un changement révolutionnaire.
Dans leurs remarques finales, les prisonniers soulignent que leur lutte pour la justice ne découle pas d’un désir de préserver leur propre vie, mais d’un engagement à démanteler le régime oppressif et à parvenir à une réforme démocratique en Iran.
Texte intégral de la lettre
Nous, cinq prisonniers politiques condamnés à mort – partisans de l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran – qui participons actuellement à une grève de la faim aux côtés de nombreux prisonniers dans tout le pays à l’occasion de la 45e campagne « Non aux exécutions », publions cette déclaration dans des circonstances désastreuses. Il y a quatre mois, notre frère Mohammad Taghavi, survivant et témoin du massacre de 1988, a été ramené au pavillon 209, et nous n’avons plus aucune nouvelle de lui depuis. Son seul « crime » a été de refuser de reconnaître la légitimité de la Cour et de refuser de participer à ses travaux.
La nature du régime du Guide suprême (Velayat-e Faqih) est bien connue. Il n’est pas nécessaire d’expliquer les tortures, les insultes et les innombrables violations de nos droits humains fondamentaux que nous avons subies depuis le moment de notre arrestation. Il n’est pas non plus nécessaire de s’étendre sur les accusations sans fondement et non documentées dont nous faisons l’objet. De la part de ceux qui ont tué des milliers de jeunes de ce pays, dont Reza Rasaei et Mohammad Qobadlou, que peut-on attendre d’autre ? Un régime qui est fondamentalement illégitime et anti-humain ne peut pas produire un système judiciaire, un procureur ou un tribunal légitime.
C’est pourquoi, comme tous les prisonniers politiques condamnés à mort, nous nous tournons uniquement vers le peuple opprimé d’Iran, les unités héroïques de la Résistance et les consciences éveillées pour obtenir justice. C’est notre fierté et notre honneur. Notre appel à la justice ne vise pas seulement à sauver nos propres vies alors que nous sommes face à la potence. Il s’agit plutôt d’une invitation à s’opposer à la peine de mort – de manière globale et fondamentale – pour tous les prisonniers politiques et non politiques.
Le désespoir et la peur collectifs provoqués par les condamnations à mort massives peuvent et doivent être transformés en courage, en rébellion et en feu révolutionnaire pour déraciner ce régime.
Oui, la révolution démocratique du peuple iranien l’emportera de cette manière.
Signée par :
Seyyed Abolhassan Montazer
Babak Alipour, Quartier 4, Prison d’Evine
Shahrokh (Akbar) Daneshvar Kar, Quartier 4, Prison d’Evine
Vahid Bani Amerian, Quartier 4, Prison d’Evine
Pouya Ghobadi, Quartier 4, Prison d’Evine
Date : 3 décembre 2024 (Calendrier Shamsi : 13 Azar 1403)
Source : Iran HRM
