La pauvreté en Iran : Un catalyseur pour l’agitation sociale et l’instabilité du régime

Ali Rabii, l’assistant du président iranien pour les affaires sociales, a récemment mis en lumière une dure réalité de la vie en Iran, déclarant que « la pauvreté en Iran est à la base de nombreux troubles structurels et non structurels ». Se référant aux vastes manifestations de 2022, Rabii a fait remarquer que la pauvreté – ou, comme il l’a dit, la survie – jouait un rôle essentiel dans l’émergence de valeurs conflictuelles entre la population appauvrie et le cadre idéologique rigide imposé par le régime iranien. Il a également souligné que « la pauvreté en Iran est un problème de sécurité », liant directement le phénomène à l’agitation sociale.

Cette reconnaissance a eu lieu lors d’une réunion à laquelle participaient de hauts responsables du régime, dont Esmail Gorjipour, vice-ministre du ministère des coopératives, du travail et de la protection sociale, et Ebrahim Sadeghi, directeur de l’Institut du travail et de la sécurité sociale. Les discussions ont porté sur les facteurs socio-économiques à l’origine de l’instabilité en Iran, et plus particulièrement sur les manifestations de 2022. Les fonctionnaires ont noté que la classe moyenne, désillusionnée par les politiques du régime, a joué un rôle essentiel dans la mobilisation des groupes à faibles revenus pour qu’ils rejoignent les manifestations.

Des statistiques désastreuses sur la pauvreté et leurs conséquences

Ebrahim Sadeghi a mis en lumière les sombres réalités économiques auxquelles l’Iran est confronté, révélant que 27 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, incapable de subvenir à ses besoins fondamentaux. Il a cité des tendances alarmantes telles que l’augmentation du nombre d’abandons scolaires, l’accroissement des maladies chroniques et les inégalités régionales comme conséquences directes de cette pauvreté généralisée. Il a également noté que le pourcentage d’Iraniens vivant sous le seuil de pauvreté dépasse la moyenne mondiale, attribuant cette situation à une combinaison de facteurs, notamment la maladie, la sécheresse, les sanctions et la mauvaise gestion systémique.

Ali Rabii s’est fait l’écho de ces sentiments, soulignant que les manifestations reflétaient initialement les valeurs et les frustrations de la classe moyenne, qui ont ensuite inspiré une participation plus large des segments les plus pauvres de la société. Il a rappelé que la pauvreté en Iran n’est pas seulement un problème économique, mais aussi une menace profonde pour la stabilité du régime.

Corruption, sanctions et défaillances structurelles

Rabii a estimé que la levée des sanctions internationales constituait la première étape essentielle de la lutte contre la pauvreté en Iran. Il admet toutefois que les sanctions ne sont pas les seules responsables de la situation économique désastreuse de l’Iran. « Le système bureaucratique détruit, enraciné dans la corruption, les conflits d’intérêts, la gestion népotique et l’inflation, a aggravé les difficultés économiques du pays.

Rabii a déploré que la corruption ait normalisé la pauvreté en Iran, rendant les efforts pour la combattre de plus en plus difficiles. Selon lui, « les sanctions ont fait de la pauvreté une règle » et toute politique qui retarde la levée des sanctions ne fait qu’aggraver la pauvreté dans le pays.

Rabii a critiqué les gouvernements successifs de la République islamique, les décrivant comme des « échecs dans le domaine de la réduction de la pauvreté ». Il a affirmé que les politiques économiques du régime favorisent intrinsèquement les inégalités en limitant l’accès aux richesses et aux ressources, et a averti que ces inégalités ne feraient que s’intensifier si ces politiques persistaient.

Une nation au bord du gouffre

L’incapacité du régime iranien à répondre aux besoins les plus élémentaires de sa population – de l’électricité et du gaz à l’eau et au pain – a atteint un point de rupture. La corruption et les détournements de fonds sont monnaie courante, des cargaisons entières ayant disparu, tandis que le rial iranien est devenu la monnaie la plus dévaluée au monde. Le rial iranien est devenu la monnaie la plus dévaluée au monde. L’augmentation constante du prix du dollar américain souligne l’instabilité économique du pays.

Les initiés du régime décrivent ce dysfonctionnement avec des termes tels que « l’apathie des dirigeants » et « le coma du système de prise de décision », révélant un gouvernement de plus en plus paralysé. Face à son incapacité à gouverner efficacement, le régime a eu recours à une répression accrue, avec notamment une forte augmentation du nombre d’exécutions quotidiennes.

Pourtant, cette répression n’a guère réussi à calmer la contestation publique. Dans les rues d’Iran, des millions de citoyens désabusés scandent des slogans tels que « pauvreté et corruption, prix élevés – nous allons vous renverser ». Cette vague croissante de mécontentement reflète une « situation révolutionnaire », telle qu’elle est définie en termes classiques. Un sociologue affilié au gouvernement a décrit sans détour l’état précaire du pays : « La société iranienne s’approche d’un tournant critique.

Conclusion

L’intersection d’une pauvreté généralisée, d’une corruption bien ancrée et d’un régime peu réceptif a créé un environnement instable en Iran. Les manifestations de 2022 ont mis en évidence la profonde déconnexion entre l’élite dirigeante et la population, en particulier les classes moyennes et inférieures. Le gouvernement ne pouvant pas – ou ne voulant pas – s’attaquer aux causes profondes de la disparité économique, la probabilité de nouveaux troubles reste élevée. L’Iran se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, la pauvreté et la répression alimentant une société au bord de la révolution.

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