L’ombre de l’injustice en Iran : Le règne judiciaire de l’Iman Afshari

Le dimanche 21 juin 2024, sept prisonniers politiques ont été jugés par le juge du régime iranien, l’Iman Afshari, pour rébellion. Ces prisonniers, Vahid Bani Amerian, Babak Alipour, Pouya Ghobadi, Seyyed Mohammad Taghavi, Seyyed Abolhasan Montazer, Mojtaba Taghavi, et Ali Akbar Daneshfar, sont maintenant à la merci d’un système judiciaire connu pour sa brutalité. Leur vie est en jeu sous le règne de l’Imam Afshari, un juge tristement célèbre pour les peines sévères qu’il prononce à l’encontre des dissidents politiques.

La réputation de l’Imam Afshari en matière de répression n’est plus à faire. Il est responsable de la condamnation et de l’exécution de quatre prisonniers politiques kurdes – Pejman Fatehi, Mohsen Mazloum, Mohammad Faramarzi et Vafa Azarbar – qui ont été envoyés à la potence à l’issue de procédures judiciaires très discutables.

Un bilan de l’oppression

La notoriété de l’Imam Afshari ne se limite pas aux exécutions politiques. Le 27 décembre 2023, il a visité le quartier des femmes de la prison d’Evin, où des prisonnières politiques l’ont ouvertement confronté à leurs condamnations injustes. Des femmes telles que Forough Taghipour, Arghavan Fallahi et Shiva Esmaili ont exprimé leurs protestations contre leur incarcération à long terme. En réponse, les autorités pénitentiaires ont imposé des restrictions sur leurs appels téléphoniques et les ont menacées d’exil. La situation s’est aggravée au point qu’Afshari et sa délégation ont été contraints de quitter le quartier.

Auparavant, en tant que juge de la branche 26 du tribunal révolutionnaire, Afshari a supervisé l’exécution par l’État de Habib Osayved, un militant arabe ahwazi. La condamnation d’Osayved était basée sur des aveux obtenus sous la torture, et il n’a pas eu le droit d’avoir un avocat de son choix. Il a été condamné à mort pour « corruption sur terre » et exécuté le 6 mai 2023.

Partialité judiciaire et répression systématique

La conduite judiciaire d’Afshari est loin d’être impartiale. Il exprime ouvertement des préjugés idéologiques, traitant les accusés comme des ennemis de l’État plutôt que comme des individus ayant droit à une procédure régulière. Atena Daemi, une militante des droits civiques, a rappelé dans un tweet datant d’octobre 2022 qu’Afshari avait dit à son père au tribunal : « Vous devez être tenu responsable des enfants des martyrs. Comme vous êtes désintéressé d’élever votre fille comme une telle rebelle ! ».

Les décisions qu’il a rendues à l’encontre d’artistes et de militants illustrent encore davantage son rôle dans la répression de la dissidence. En juillet 2019, il a condamné le cinéaste Mohammad Rasoulof à un an de prison, à deux ans d’interdiction de voyager et à deux ans d’interdiction d’activités politiques et sociales pour avoir créé des films jugés subversifs par le régime. De même, en juin 2020, il a condamné l’activiste politique Sakineh Parvaneh à cinq ans de prison et à une interdiction d’activité politique de deux ans, suite à son transfert brutal de la prison d’Evin à la prison de Qarchak.

La suppression de la liberté d’expression par Afshari a également ciblé les journalistes. En mai 2020, il a condamné Keyvan Samimi, rédacteur en chef du magazine Iran Farda, à six ans de prison par contumace pour avoir participé à un rassemblement à l’occasion de la fête du travail. Il était notamment accusé de « rassemblement et collusion dans l’intention d’agir contre la sécurité nationale et d’activités de propagande contre le régime ».

Suppression des minorités ethniques

Les décisions de l’Imam Afshari s’étendent au-delà des dissidents politiques aux minorités ethniques. En décembre 2019, il a condamné l’activiste turc Siamak Mirzaei à un an de prison et lui a imposé une interdiction de voyager et d’exercer une activité politique pendant deux ans. Cette décision est intervenue alors que Mirzaei avait déjà purgé une peine de trois ans de prison et qu’il était au milieu d’une peine d’exil d’un an.

L’Imam Afshari a joué un rôle direct dans la répression des manifestations à l’échelle nationale, notamment après le soulèvement de novembre 2019 et les manifestations de janvier 2020 contre l’abattage d’un avion ukrainien par les gardiens de la révolution. Parmi ses nombreuses condamnations :

  • Amir Mohammad Sharifi, un étudiant de l’université de Téhéran arrêté en janvier 2020, a été condamné à trois mois de prison pour « activité de propagande contre le régime. »
  • Ali Beykas, un manifestant de novembre 2019, a écopé de dix ans de prison et de trois mois de service dans la force paramilitaire du Bassidj.
  • Morteza Bakhshizai a été condamné à six mois de prison pour avoir protesté contre la tragédie de l’avion ukrainien.
  • Samira Hadian a été condamnée à huit ans de prison pour avoir participé aux manifestations de novembre 2019.
  • Maliheh Jafari a été condamné à six mois pour la même raison.
  • Ali Nourizad, fils du militant politique Mohammad Nourizad, a été condamné à plus de quatre ans de prison pour avoir protesté contre la chute de l’avion.

Ciblage des militants des droits de la femme

L’Imam Afshari a également mené des actions visant à réprimer les militants des droits des femmes, en particulier ceux qui s’opposent à l’obligation de porter le hijab. Il a condamné trois femmes à 58 ans de prison :

Fereshteh Dindani a été condamnée à 30 ans de prison pour des accusations telles que « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » et « encouragement à la corruption et à la prostitution ».

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