Parisa Kamali en grève de la faim à Yazd : combat contre la négligence et la disparition de son dossier judiciaire

Parisa Kamali, détenue politique à la prison centrale de Yazd, poursuit sa grève de la faim entamée depuis le 24 novembre 2025 pour dénoncer la perte mystérieuse de son dossier judiciaire, le blocage total des procédures ainsi que le refus de lui fournir des soins médicaux indispensables.

Atteinte d’une hyperthyroïdie toxique, une maladie provoquant entre autres une fréquence cardiaque élevée, une grande faiblesse, des tremblements et des difficultés respiratoires, Kamali nécessite une prise en charge spécialisée que les médecins de la prison ont recommandée à plusieurs reprises. Toutefois, aucune mesure appropriée n’a été mise en place pour assurer son traitement hors de l’établissement.

Suite au début de sa protestation, les autorités pénitentiaires l’ont isolée dans le quartier de quarantaine, une tactique fréquemment utilisée pour exercer une pression psychologique dans le but de faire cesser les grèves de la faim. Après quelques jours de ce régime d’isolement, elle a été ramenée au quartier général, mais elle subit toujours des restrictions importantes, notamment sur ses communications téléphoniques, ainsi que des pressions sécuritaires et la menace d’inculpations supplémentaires.

La famille de Parisa rapporte que les responsables de la prison affirment désormais que son dossier judiciaire a « disparu », ce qui bloque totalement la procédure permettant sa libération sous bracelet électronique. Face à cette situation, la famille a réclamé plusieurs fois un congé pénitentiaire ou la mise en place du bracelet, sans succès, ce qui l’a poussée à entamer sa grève de la faim.

Originaire d’Abadan et étudiante en géographie, Parisa Kamali a été arrêtée en avril 2024 à Ispahan. Elle est accusée d’agir contre la sécurité nationale, de destruction de biens publics et d’appartenance à l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (principal mouvement d’opposition aux mollahs). Initialement condamnée à six ans de prison, sa peine a été réduite à trois ans et demi après qu’elle a été contrainte d’accepter la décision sous pression.

En 2025, elle a subi un transfert abrupt et sans avertissement de la prison d’Ispahan à celle de Yazd, un déplacement perçu par ses proches comme une mesure visant à intensifier les pressions à son encontre. Depuis ce transfert, les restrictions imposées se sont renforcées, incluant le refus systématique de soins médicaux, la limitation des contacts téléphoniques et des menaces sécuritaires répétées.

Le traitement qu’elle subit constitue une violation flagrante de plusieurs droits fondamentaux, notamment l’interdiction des traitements cruels et inhumains, le droit à un procès équitable sans arrestation ou détention arbitraire, ainsi que le droit à des soins médicaux adéquats et à un traitement digne en détention, statut reconnu par des instruments internationaux tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et les règles Nelson Mandela.

Cette affaire illustre une fois de plus les graves atteintes aux droits humains dont sont victimes les prisonniers politiques en Iran, confrontés à des mesures punitives et arbitraires sous couvert de procédures judiciaires manquantes de transparence.

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