Les autorités iraniennes ont mis à mort au moins 1 791 personnes entre janvier et fin novembre 2025, un bond spectaculaire doublant presque les 993 exécutions de l’année 2024 entière. Par habitant, l’Iran conserve son funeste record mondial en matière de peine capitale.
Novembre 2025 a culminé avec 336 exécutions, le pic mensuel de l’année, signalant une accélération alarmante et systématique du recours à la peine de mort.
Parmi ces exécutions, au moins 61 femmes ont péri entre janvier et le 13 décembre 2025, une hausse d’environ 70 % par rapport à l’année précédente. Sur les cinq mois du 30 juillet au 13 décembre, 35 femmes ont été exécutées, soit presque une tous les quatre jours.
Cas tragiques de 2025
Ces chiffres masquent des drames humains poignants :
– Marzieh Esmaili, 39 ans, mère d’une fille, pendue le 15 avril 2025 pour avoir transporté 600 grammes de drogue contre une maigre somme de 10 millions de tomans (environ 100 dollars), exemplifiant le sort réservé aux femmes pauvres impliquées dans des délits mineurs de stupéfiants.
– Zahra Mirghaffari, mère de deux filles de 9 et 13 ans, exécutée le 8 novembre 2025, abandonnant ses enfants sans aucun filet de sécurité.
– Mina Sadoughi, mère de trois enfants de 7, 9 et 11 ans, tuée le 26 novembre 2025 avec son mari, sans avertissement à la famille ni adieu à ses petits.
Tendances dominantes dans les exécutions de femmes en 2025
1. Qisas et meurtres
De nombreuses femmes ont été condamnées à mort pour meurtre, souvent de maris ou proches dans des contextes de violences conjugales, mariages forcés ou impossibilité de divorcer. Les tribunaux ont ignoré ces circonstances aggravantes.
Exemples : Hamideh Jabbari, pendue le 13 décembre 2025 à Qom ; Sedigheh Ghorbani, exécutée le même jour à Urmia ; Elnaz Azizi, tuée le 10 décembre à Mashhad.
2. Délits de drogue
La plupart des exécutions concernaient des trafics de stupéfiants, impliquant des femmes démunies, chefs de famille, dont le rôle était périphérique.
3. Mariages forcés précoces
Plusieurs victimes avaient été mariées enfants, les exposant à la violence et à la précarité.
Exemple : Rana Faraj-Oghli, 24 ans, exécutée le 3 décembre 2025 à Tabriz après un mariage forcé à 16 ans avec un homme beaucoup plus âgé.
4. Accusations sécuritaires
Des militantes comme Pakhshan Azizi (pour ‘baghi’) et Varisheh Moradi ont été condamnées à mort par des tribunaux révolutionnaires sans procès équitable.
5. Répression idéologique
Zahra Shahbaz Tabari, 67 ans, a écopé de la peine capitale après un jugement hâtif sans avocat choisi.
Violations juridiques flagrantes du droit à la vie et des engagements internationaux
Ces exécutions bafouent le droit international des droits humains de manière systémique.
1. Atteinte au droit à la vie
L’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques limite la peine de mort aux crimes les plus graves. Exécuter pour drogue, violence domestique ou accusations floues de sécurité viole cette norme.
2. Procès inéquitables
L’article 14 exige un tribunal impartial et un avocat indépendant. Les tribunaux révolutionnaires, refus d’avocats et absence d’enquêtes sur les violences contredisent ces droits.
3. Discrimination genrée
Les lois limitant le divorce, tolérant les mariages précoces et ignorant les violences domestiques criminalisent les femmes vulnérables.
4. Échec à protéger contre les violences de genre
Les autorités punissent les victimes au lieu de les défendre.
5. Outil de répression politique
Des charges comme ‘baghi’ servent à intimider les dissidentes.
Ces pratiques équivalent à des exécutions extrajudiciaires issues de procès biaisés et de lois discriminatoires.
Appel à l’action internationale
Face à ces 61 exécutions de femmes en 2025 et 1 791 au total jusqu’à fin novembre, la communauté mondiale doit exiger un moratoire immédiat sur la peine de mort, une transparence complète sur les exécutions et des mécanismes pour protéger les condamnées, notamment dans les affaires sécuritaires, tout en poursuivant les responsables.
